Je suis passée par beaucoup de phases juste après le décès de Roman, la colère, la tristesse, la haine... Puis j'ai décidé très rapidement d'arrêter de me poser la question qui rend fou... Pourquoi ?
Pourquoi nous, Pourquoi lui...
Très vite il a fallu que je comprenne et que je mette des mots et une explication tangible sur ce qui était arrivé à notre famille...
J'ai provoqué un rendez-vous avec le chirurgien qui avait mon dossier à l'hôpital suite à ma césarienne. Il était d'ailleurs très étonné de me voir, car la procédure n'était pas celle-ci... Je m'en moquais, il me fallait des réponses. Nous avons épluché tout mon dossier, revu mon accouchement dans le détail. Pour le corps médical, il était évident que ce qu'il s'est produit le 19 octobre 2012, la rupture de la poche des eaux à 25 SA + 4 jours était pour mon cas exceptionnellement exceptionnel... Une fragilité de la membrane au mauvais endroit au mauvais moment...
Une fois sortie de son cabinet, je n'étais pas plus rassurée, j'avais mes réponses, mais pas de certitudes...
J'ai donc décidé de croire en moi, de croire en lui et de croire en notre histoire... Une des choses qui m'a permis d'avancer peu à peu les premiers mois a été de me dire que ce 19 octobre 2012, j'avais fait une fausse couche tardive. Je suis persuadée que Roman avait déjà des lésions au cerveau dans mon ventre mais qu'elles n'étaient pas détectable à l'écho des 22 SA. J'aurais dû accoucher ce jour là, seule dans ma salle de bain... Mon bébé n'aurait pas dû vivre ce jour là... Mais il en a été autrement, la médecine a pris les choses en mains, je n'ai pas accouché ce jour là, mais bien 10 jours tard, mon bébé n'est pas mort suite à l'accouchement.
Certains m'ont dit que cela aurait été peut être plus simple pour moi, pour nous de ne pas l'avoir connu. Je ne le saurais jamais...Tout comme j'ai aussi entendu que cela aurait été moins lourd à gérer si je n'avais pas eu d'enfants avant Roman... Je pense que l'on compose avec ce que l'on a...
Pour ma part ce sont mes enfants qui m'ont permis de tenir le cap, je me souviens très bien d'ailleurs, quelques mois après le décès de Roman, alors que je m'occupais de faire prendre le bain de mes deux garçons, Vadim m'a demandé quand est-ce que je reprendrai la couture...
Ce qui m'a aidé et qui m'aide encore aujourd'hui c'est de mesurer la chance que nous avons eu de le connaitre durant ces 7 semaines, nous avons eu cette chance inouïe de le regarder durant des heures, de le caresser, de lui parler, de lui chanter des chansons, de le bercer, de prendre soin de lui, de sentir son odeur, d'être auprès de lui...
Roman a été un bébé messager, il n'était pas fait pour vivre toute une vie, il a véhiculé énormément d'Amour autour de lui, autour de nous, il nous a transformé, je ne suis plus la même femme depuis son passage dans notre vie, son Après est tellement doux et joli...
Anouchka